J'ai onze ans, et je vis dans une
famille complètement tordue. Heureusement qu'il y a mon frère Maxence.
Lui, c'est mon manuel de savoir-survivre. Le soir, on
ferme nos oreilles à double tour, pour ne plus entendre les cris de
nos parents qui se disputent. Croyez-moi sur parole, la vie, c'est pas
pour les enfants. Maxence a préféré partir au Pays sans
Adultes. Moi, j'ai voulu le rejoindre, mais je me suis trompé de
chemin. Avec mes nouveaux amis, Valentine et Hugo, on a beaucoup discuté
et on s'est fait une promesse : quand on sera grands, on
prendra tous les enfants malheureux dans nos filets, et on ne les
relâchera que quand ils sauront vraiment nager. Promis, juré. Le Pays sans Adultes est un livre bouleversant, un livre
d'émotion pure.
Mon avis :
Ce roman est écrit à la première
personne du singulier... un "je" de onze ans, petit garçon, qui
s'appelle Slimane. Dès le début du texte on ne tarde pas à
connaître l'univers de cet enfant et de sa famille, composée de sa
maman, de son frère Maxence et du Démon, leur père. Ce dernier fait
vivre un véritable enfer à sa famille, passant son temps à
boire, à insulter et à taper ceux qui l'entourent sans aucun état
d'âme. Ce récit nous emmène donc dans la tête d'un enfant et nous donne à
voir sa naïveté, sa tristesse, sa douleur et ses
questionnements. Ce choix d'écriture amène une force incroyable au
roman qui est poignant parce qu'il est criant de vérité. On ne peut
qu'imaginer les enfants victimes dans le monde entier et
cela touche forcément le lecteur au plus profond de lui-même.
On ne sait pas grand chose des
personnages de Slimane et de son frère Maxence mais on voit un rapport
très fort entre eux, un lien fraternel renforcé par leurs
blessures, un voile de protection les entourant. Les deux frères se
prennent à rêver à un pays sans adultes, étant persuadés que la vie
n'est pas faite pour les enfants. A travers les yeux de
Slimane le narrateur, on observe ses parents, le père bourreau et la
mère qui travaille, qui se fait cogner et qui voit ses enfants
souffrir. Il est difficile d'imaginer certaines scènes d'autant
qu'elles sont racontées par un enfant. On découvre par la suite
d'autres personnages comme Valentine et Hugo, deux enfants qui
deviennent les amis de Slimane et à qui la vie n'a pas non plus fait
de cadeau. Avec ces personnages le narrateur va évoluer et imaginer
le monde qu'il veut, pour lui et les enfants du monde entier.
L'auteur, par son choix de donner
la plume à un enfant de onze ans, a une écriture fluide, qui se lit
tout seul et qui est sans arrière-pensée. La naïveté du
personnage principal est à la fois touchante et blessante car il a
déjà trop subi à son jeune âge. Ondine Khayat fait de plus le choix de
courts chapitres qui accélèrent le rythme du récit et
nous tiennent constamment en haleine.
Cette lecture m'a
particulièrement émue et je n'ai pu que m'attacher à cette famille et
tout particulièrement au personnage de Slimane. Il est surprenant de
voir à quel point son jeune esprit déborde de questionnements sur la
vie et comme il comprend certaines choses, lui qui n'est pas encore
perverti par le monde adulte malgré les souffrances qu'il
a déjà subies. J'ai trouvé ce roman très original et je ne peux que
le conseiller, pour passer un moment qui change et qui fait réfléchir.
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