mardi 18 septembre 2012

La voleuse de livre de Markus Zusak


Résumé : 
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée.
Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...


Mon avis : 
La forme de ce livre est particulière et à noter. La narratrice est la Mort et elle entreprend de raconter sa fonction en nous faisant découvrir le personnage de Liesel Memimger, petite fille orpheline pendant la seconde guerre mondiale.

Ce roman est composé de dix parties, chacune annoncée par une page spéciale où figurent les titres des chapitres qui vont suivre mais qui ne sont pas toujours exacts. De plus pour les présenter l'auteur les a précédés de la mention "avec :" comme pour introduire des personnages.


L'auteur a fait également figurer un prologue où cette fois il ne s'agit pas de présenter de cette manière des chapitres/personnages. Il précise qu'à partir de la page suivante la narratrice va entrer en scène en nous donnant les différents éléments que le lecteur va rencontrer, ce qui diffère déjà des titres des chapitres.


A partir de là nous pouvons déjà nous rendre compte qu'il ne s'agit pas d'un lire commun. La Voleuse de livres est un roman, cela est indéniable mais il y a comme un goût de pièce de théâtre. Le prologue peut être assimilé à l'ouverture de la pièce avec la présentation des personnages. Les différentes parties sont quant à elles découpées de manière judicieuse et cette façon particulière de les présenter font penser aux actes d'une pièce de théâtre. Nous ne retrouvons pas les cinq actes du théâtre classique mais exactement le double.

De plus la première de couverture fait directement référence à une scène avec les grands rideaux rouges spécifiques des spectacles à gauche et à droite. Une fillette est allongée sur une scène en bois, tournant le dos au lecteur qui a le livre entre ses mains, et de ce fait à un potentiel public. Cette image au centre est en noir et blanc ce qui tranche avec les rideaux. 

La Mort est donc cette narratrice qui nous explique son monde, ce qu'il en est de son travail et de son ressenti par rapport à celui-ci. Elle raconte l'histoire de cette fillette qui a su échapper à la mort et éveiller la curiosité de la Mort et entrecoupe son récit de commentaires, précisions. 

L'écriture de ce roman est tout à fait originale et singulière. Il ne ressemble à aucun autre et évite certains écueils. Il ne s'agit pas ici de ne parler que de la seconde guerre mondiale en nous montrant la mort à tout bout de champ ni d'émouvoir le lecteur de manière inconsidérée. Cependant cette histoire n'a rien d'extra-ordinaire, elle est parfaitement vraisemblable ce qui fait la force de ce roman. Certains mots sont en allemand, on apprend certaines expressions, certains comportements selon les personnes présentes dans le roman.  De plus la Mort, la narratrice, nous parle. Elle prend le lecteur à témoin comme par exemple lorsqu'elle termine un chapitre en plein milieu du roman, comme s'il s'agissait de l'entracte où elle a fait une pause pour parler d'autre chose : "Retrouvons-la maintenant".
La Mort nous explique son travail et tient à nous faire comprendre qu'elle n'est pas le diable et que cela ne la réjouit pas forcément. 

On découvre le personnage principal qui est la fillette Liesel Memimger. Elle est orpheline et a été placée dans une famille à Munich, rue Himmel. Elle ne sait pas lire mais est attirée par les livres, tellement qu'elle en vient un jour à en voler un dans la rue...Le manuel du Fossoyeur... bien triste nom pour découvrir ce que sont les mots, car bien évidemment la lecture l'intéresse. On la suit dans sa nouvelle vie, confrontée aux différentes personnes qu'elle croise et se lie d'amitié avec un garçon de son âge.

Ce roman est vraiment intéressant par sa forme et très touchant, très accessible. Il a reçu le prix Millepages Jeunesse mais pour ma part je ne le considère pas comme un roman jeunesse. Pour les différentes raisons exposées précédemment il peut effectivement s'adresser à des adolescents mais je trouve que ce roman va au-delà. Il montre un lien particulier entre l'individu et l'objet livre mais aussi avec la lecture et lui donne un sens et une importance particuliers, ce qui est d'autant plus vrai vu le contexte. 

La Mort est une bonne narratrice qui sait nous guider : "Venez. Je vais vous raconter une histoire."
Elle nous prend par la main du début à la fin de ce roman, mis en scène comme une pièce de théâtre.

Il faut découvrir ce roman pour découvrir son originalité et sa beauté, sa façon de faire vivre les personnages.

 
Quelques citations :
"S'ils le tuaient ce soir, au moins mourrait-il vivant"

" Vous me direz que je fais mes tournées de toute façon, quelle que soit l'année, mais parfois l'espèce humaine aime accélérer les choses. Elle augmente la production de cadavres et des âmes qui s'en échappent. Quant aux survivants, ils se retrouvent sans maison et je vois partout des sans-abri. Ils me poursuivent souvent pendant que j'erre dans les rues des villes dévastées. Ils me supplient de les emporter, sans se rendre compte que j'ai trop de travail pour cela."

"Quand leurs ongles avaient griffé le bois et parfois même y étaient restés plantés par la force du désespoir, leurs âmes venaient vers moi, je les accueillais dans mes bras et nous quittions ces douches par le toit pour gagner l'immensité de l'éternité. Je n'arrêtais pas. Minute après minute. Douche après douche."

"On la considérait comme la meilleure secoueuse de mots de sa région, car elle savait que SANS les mots, on était réduit à l'impuissance."

"Parfois, ça me tue, la façon dont les gens meurent."





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