jeudi 2 août 2012

L'Orestie d'Eschyle

Résumé :
Elle est l'unique trilogie dramatique que l'Antiquité nous ait léguée. Elle est l'oeuvre de l'aîné des trois grands tragiques athéniens. Elle témoigne de la souveraine maîtrise d'un poète qui fut aussi un metteur en scène sûr de ses moyens et de ses effets, composant et montant son spectacle à soixante ans passés, fort d'une expérience théâtrale sans égale. Ombre, sang et lumière : la scène est à Argos, dans le palais des Atrides...
Agamemnon - Où la chute de Troie est annoncée après une attente de dix ans. Où l'on assiste au retour triomphal du roi Agamemnon dans sa cité d'Argos. Où la captive Cassandre, prophétesse que nul ne croit, annonce sa mort. Où Clytemnestre tue son époux et en expose les raisons.

Les Choéphores - Où Électre prie sur la tombe de son père pour que se lève un vengeur. Où Oreste, son frère, revient dans son pays sur ordre d'Apollon. Où Clytemnestre est égorgée par son fils. Où les Érinyes, déesses de la vengeance, se déchaînent contre Oreste.

Les Euménides - Où Oreste, purifié à Delphes, doit subir une longue errance. Où Athéna fonde un tribunal pour juger son acte. Où les Érinyes et Apollon opposent leurs conceptions du droit. Où les vieilles déesses, déboutées, deviennent les bienveillantes Euménides.


Mon avis :
Lecture faite dans le cadre de mon mémoire sur Les Bienveillantes de Jonathan Littell afin d'expliquer le titre et ce choix de la part de l'auteur. Je n'aime pas particulièrement les tragédies antiques mais il ne faut pas cacher que celle-ci a un poids important et non négligeable dans l’œuvre de Jonathan Littell. L'auteur y fait référence, il utilise l'intertextualité au maximum pour mettre en relation le personnage d'Oreste et celui de Maximilien Aue. L'intertextualité amène le lecteur à se confronter au personnage qui est aussi le narrateur, ce qui fait place à un lien entre les deux, une sorte de fraternité recherchée par l'auteur. Ici les bienveillantes Euménides traquent les criminels comme le sera Maximilien Aue dans l’œuvre de Jonathan Littell. En effet celui-ci sera constamment poursuivi par sa conscience et portera son fardeau tout au long de son existence.


Article sur L'Orestie www.wikipedia.org

    L'Orestie est une trilogie dramatique d'Eschyle représentée en 458 av. J.-C. aux Grandes Dionysies d'Athènes, où elle remporte le premier prix. Elle est composée de trois tragédies centrées sur la geste des Atrides : Agamemnon (en grec Ἀγαμέμνων), Les Choéphores (Χοηφόροι ou Χοηφόρες) et les Euménides (Εὐμενίδες) ; un drame satyrique intitulé Protée (aujourd'hui perdu) était censé la complèter. C'est la seule trilogie liée conservée.


Premier volet : Agamemnon
    On assiste à la chute de Troie et au retour d'Agamemnon victorieux, accompagné de sa captive Cassandre, à Argos où l'attend son épouse Clytemnestre. Celle-ci espère venger le sacrifice de sa fille Iphigénie par Agamemnon. Malgré les prédictions de Cassandre annonçant sa propre mort, le roi et la prophétesse sont tués.


Deuxième volet : Les Choéphores
    Après la mort de son père, Électre souhaite que le crime soit puni, en réponse de quoi Apollon renvoie Oreste, fils d'Agamemnon, à Argos pour venger son père. Il tue Clytemnestre, réveillant ainsi la soif de justice des Érinyes, déesses vengeresses. À la fin Argos est détruite.


Troisième volet : Les Euménides
    Après une longue errance, Oreste, toujours poursuivi par les Érinyes, arrive au sanctuaire d'Apollon à Delphes où il est purifié. Il est ensuite présenté devant l'Aréopage (tribunal athénien) et jugé par Athéna. Elle lui donne raison et les Érinyes deviennent les Euménides (les bienveillantes). La malédiction qui pesait sur les Atrides est ainsi levée.


Article sur les Erinyes www.wikipedia.org

    Dans la mythologie grecque, les Érinyes (en grec ancien Ἐρινύες / Erinúes, d'ἐρίνειν / erínein, « pourchasser, persécuter ») sont des divinités persécutrices. Elles sont aussi appelées Euménides (grec Εὐμενίδες / Eumenídes, « les Bienveillantes »), antiphrase utilisée par crainte de prononcer leur nom véritable. Selon la tradition, ce nom aurait été utilisé pour la première fois après l'acquittement d'Oreste par l'Aréopage (voir ci-dessous). À Athènes, on utilise dans le même esprit la périphrase σεμναὶ θεαί / semnaì theaí, « vénérables déesses ». On les appelle aussi χθόνιαι θεαί / chthóniai theaí, « déesses infernales ».

Elles correspondent aux Furies (en latin Furiæ ou Diræ) chez les Romains.


Ascendance
    Filles de Gaïa et du sang d'Ouranos mutilé d'après Hésiode, ce sont des divinités chtoniennes. Leur nombre reste généralement indéterminé, quoique Virgile, s'inspirant sûrement d'une source alexandrine, en dénombre trois :

    * Tisiphone (la Vengeresse du meurtre) ;
    * Mégère (l'Ensorceleuse) ;
    * Alecto (l'Implacable).

Épiménide en fait les sœurs des Moires, filles de Cronos et d'Eurynomé, Eschyle les filles de Nyx (la Nuit), Sophocle les filles de Gaïa et de Scotos, la Ténèbre. Dans les traditions orphiques, elles naissent d'Hadès et de Perséphone (cet attachement au monde infernal se retrouve également dans l'Iliade).


Rôle
    Divinités anciennes, elles ne sont pas soumises à Zeus et habitent l'Érèbe (ou le Tartare, suivant les traditions), le monde du dessous, se reposant jusqu'à ce qu'elles soient de nouveau appelées sur Terre. Malgré leur ascendance divine, les dieux olympiens éprouvent une profonde répulsion pour ces êtres qu'ils ne font que tolérer. De leur côté, les hommes les craignent et les fuient. C'est cette marginalisation et le besoin de reconnaissance qu'il entraîne qui, chez Eschyle, amènent les Érinyes à accepter le verdict d'Athéna et ce malgré leur inépuisable soif de vengeance.

Elles personnifient la malédiction lancée par quelqu'un et sont chargées de punir les crimes pendant la vie de leur auteur, et non après. Toutefois, leur champ d'action étant illimité, si l'auteur du crime décède, elle le poursuivront jusque dans le monde souterrain. Justes mais sans merci, aucune prière ni sacrifice ne peut les émouvoir, ni les empêcher d'accomplir leur tâche. Elles refusent les circonstances atténuantes et punissent toutes les offenses contre la société et à la nature tels que le parjure, la violation des rites de l'hospitalité et surtout les crimes ou l'homicide contre la famille. À l'origine, les êtres humains ne peuvent ni ne doivent punir les crimes horribles. Il revient aux Érinyes de poursuivre le meurtrier de l'homme assassiné et d'en tirer vengeance. Némésis correspond à une notion semblable, et sa fonction recouvre celle des Érinyes.

Ces divinités vengeresses hideuses ont :
    * de grandes ailes ;
    * des serpents pour cheveux ;
    * des fouets et des torches ;
    * du sang qui coule de leurs yeux.

Elles ont été comparées aux Gorgones, aux Grées ainsi qu'aux Harpies en raison de leur apparence effrayante et sombre et du peu de contact qu'elles entretiennent avec les dieux olympiens.

Elles tourmentent ceux qui font le mal. Elles les poursuivent inlassablement sur la terre en les rendant fous. Au sens large, les Érinyes sont les protectrices de l'ordre établi. Dans l'Iliade, elles ôtent la parole à Xanthe, le cheval d'Achille, et privent Phœnix de descendance. Le philosophe Héraclite dit que si le soleil décidait de renverser sa course, elles l'en empêcheraient. Dans Electre de Giraudoux, elles sont représentées par trois jeunes filles cyniques et méchantes à la croissance très rapide (de petite fille a adulte en quelques jours), appelées les Trois Euménides. Elles chantent des comptines satiriques sur les personnages de la pièce et vont poursuivre Oreste jusqu'a la perte de sa raison.


Tragédie d'Eschyle
    Dans les Euménides d'Eschyle, la troisième pièce de l'Orestie, les Érinyes poursuivent Oreste. Celui-ci tue sa mère, Clytemnestre, pour venger le meurtre de son père Agamemnon. À la première représentation, cette tragédie provoque une véritable terreur chez les spectateurs. Les Érinyes forment le chœur. Les représentations qui nous sont parvenues nous les montrent tenant des torches et des fouets. Elles sont aussi parfois entourées de serpents.

Seul l'acte commis par Oreste intéresse les Érinyes. Il n'est question ni de le juger ni de lui trouver des circonstances atténuantes. Apollon lui-même doit s'opposer à leur vengeance implacable, bien qu'il ait encouragé le meurtre de Clytemnestre par Oreste et qu'il lui accorde sa protection. Les Érinyes, nous rapporte Eschyle, poursuivent Oreste jusqu'à Delphes, le plus important sanctuaire d'Apollon. Elles ne le délivrent que lorsque les dieux les persuadent d'accepter le verdict du tribunal d'Athènes, l'Aréopage.

Là, Athéna intervient comme patronne de la cité et équilibre les suffrages. Oreste est acquitté, mais il doit ramener de Tauride une statue sacrée d'Artémis. Les Érinyes sont alors accueillies à Athènes sous la forme plus clémente des « Euménides » (les bienveillantes) ou des « Semnai Theai » (les vénérables déesses).

Les Érinyes poursuivent également Alcméon, qui a tué sa mère. Comme Oreste, Apollon l'a encouragé à venger son père. II est pourchassé par une Érinye à travers la Grèce, jusqu'à ce qu'il trouve refuge sur une terre qui n'existe pas encore au moment du meurtre de sa mère, échappant ainsi au pouvoir de ses poursuivantes.


Culte
    On leur sacrifiait des moutons noirs, et des libations de νηφάλια / nêphália, mélange de miel et d'eau.

Il y a en Arcadie un endroit qui possède deux sanctuaires consacrés aux Érinyes. Dans l'un des deux, elles portent le nom de Μανίαι / Maníai (Mania, celles qui rendent fou). C'est en cet endroit que, vêtues de noir, elles assaillent Oreste pour la première fois. Non loin de là, raconte Pausanias, se trouve un autre sanctuaire où leur culte est associé à celui des Charites (« déesses de la rémission »). C'est en ces lieux qu'elles purifient Oreste, vêtues de blanc. Après sa guérison, il offre un sacrifice expiatoire aux Mania.


 


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